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ÉDITO#2

Ce que Mozart nous a rappelé

Notre saison se poursuit avec La Flûte enchantée, sous la direction musicale de Bas Wiegers et dans une mise en scène d'Anna Bernreitner. La metteuse en scène autrichienne – qui fait ses débuts en France – a imaginé un spectacle explosif, plein d'inventions et de détails. Matthieu Dussouillez, directeur général, explique comment cet opéra, qui compte parmi les plus joués au monde, peut encore nous surprendre.

Savez-vous que Mozart possédait un étourneau pour animal de compagnie ? Comme il tenait rigoureusement ses comptes, nous sommes en mesure d’affirmer qu’il l’acheta le 27 mai 1784 et le garda trois ans, jusqu’à la mort de l’oiseau survenue en 1787. En guise d’épitaphe, il lui dédia un poème. Mozart a trente-et-un ans mais – face à la mort – semble avoir gardé son âme d’enfant : il écrit des vers où s’entremêlent la légèreté et la profondeur qui sont la signature de ce compositeur de génie.

Il en va ainsi de La Flûte enchantée. Cet opéra, qui compte aujourd’hui parmi les plus joués du répertoire, porte bien son nom : il enchante petits et grands parce qu’il peut, selon les âges, être entendu comme un merveilleux conte initiatique ou comme une méditation métaphysique sur la vie et la mort. C’est de ce rapport à l’enfance que s’inspire Anna Bernreitner pour mettre en scène l’ultime chef-d’œuvre de Mozart : comment les peurs d’enfant survivent-elles à l’enfance pour devenir à l’âge adulte de puissants outils d’asservissement et d’oppression des peuples ?

Dans l’article qu’il signe pour le programme de salle, Christian Merlin souligne le lien indéfectible qu’entretient La Flûte enchantée avec le théâtre populaire. Ce Singspiel a été créé non à la cour mais au Theater auf der Wieden, en banlieue de Vienne. Il a de surcroît été composé sur un livret en allemand : la langue du peuple qui, pour Mozart, était à même de toucher un large public. Aujourd’hui, les conditions techniques ont changé : nous pouvons heureusement jouer les œuvres en langue originale, tout en étant compris du plus grand nombre grâce aux sous-titres.

Que l’opéra puisse s’adresser à tous au-delà du cercle de ses initiés, c’est ce que nous rappelle Mozart. C’est aussi la conviction d’Anna Bernreitner : la metteuse en scène autrichienne a fondé le collectif artistique OPER RUND UM, avec lequel elle monte des spectacles itinérants dans des lieux inattendus : un pub, une piscine, une serre tropicale ou un supermarché... Pour ses débuts à l’Opéra national de Lorraine, nous ne lui avons pas demandé d’investir des lieux aussi insolites : sa Flûte enchantée est bel et bien représentée sur scène. Mais le spectacle n’en est pas moins animé par la même générosité, par la même créativité que celles qu’elle met en œuvre pour porter l’opéra hors-les-murs : il est truffé d’inventions et de détails qui nous invitent à entrer et demeurer longtemps dans cet univers.

Matthieu Dussouillez, directeur général de l'Opéra national de Lorraine

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