Samuel Achache met en scène Les Incrédules, création à découvrir à l'Opéra du 18 au 24 juin, avant qu'elle ne parte au Festival d'Avignon ! Ce spectacle est inspiré de récits de nancéens recueillis en octobre 2023.
En attendant le programme de salle, voici un extrait de son entretien avec Simon Hatab :
Samuel Achache : Le thème du miracle est large : il ouvre de multiples voies qui sont autant de spectacles possibles. Le projet est parti d’une collecte de récits que nous avons menée auprès de toutes sortes de gens, en France et en Italie, dans la région de Naples. Nous avons publié des appels à témoignages, fait des rencontres, réalisé des micros-trottoirs. Nous sommes allés dans la rue, dans des écoles, des églises, des prisons, des EHPAD. À celles et ceux que nous interrogions, nous demandions de raconter un événement qui, selon eux, tenait du miracle. Il était important d’appréhender cette question du point de vue du sens commun, à travers l’expérience concrète que l’on peut en avoir. Nous avons récolté plusieurs centaines d’heures d’enregistrements. Partant de cette très riche matière, nous avons conçu une première pièce orchestrale pour instruments et voix enregistrées – La Symphonie tombée du ciel – composée par Florent Hubert, Antonin-Tri Hoang et Eve Risser, qui a été créée à l’automne dernier avec ma compagnie La Sourde. La deuxième est Les Incrédules. La Symphonie tombée du ciel était une forme concert et abordait la question par une mosaïque d’archives sonores. Les Incrédules est un opéra pour lequel nous continuons de creuser le sillon par le biais de la fiction, écrite avec Sarah Le Picard, Florent Hubert, Antonin-Tri Hoang et l’ensemble des interprètes au plateau.
S.A. : En plus des cinq musiciens, trois chanteuses et chanteur, deux comédiennes présents sur scène, il y a en fosse un orchestre de cinquante-deux musiciens, l’Orchestre de l’Opéra national de Lorraine. La présence de cet orchestre modifie non seulement notre outil de travail mais aussi notre processus de création : conformément aux usages à l’opéra, il ne sera là que dans la dernière ligne droite des répétitions. Il faut donc anticiper et composer en amont. Il y a quelque chose d’inconfortable à travailler ainsi quand, pour nos précédentes productions, la plus grande partie de l’écriture naissait au plateau, avec les actrices et les acteurs, et que le mode même de production était pensé en ce sens. Mais c’est un inconfort choisi, un déséquilibre de notre manière de travailler que nous avons tenté de rendre fertile. Pour une maison telle que l’Opéra national de Lorraine, qui est à l’origine du projet, accepter cette part de notre processus dans la construction du spectacle constitue également un défi qui déplace leurs manières de faire… En outre, la place de la musique est différente : elle est partout et nous oblige à transformer notre langage. À l’opéra, tout est conduit par la musique, même quand il n’y a pas de chant, tout est musical, y compris le théâtre parlé, ce qui pose d’ailleurs des questions concrètes : quelles sont les places relatives des paroles chantée et parlée, lorsque celles-ci sont portées par un orchestre en fosse ?
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